à l’avenir que je traverse


aux cinq coins de la poitrine, gris sur gris, et
noir, voyante strige, ressacs du désir sang fou
éraillent l’écorce le roc

grotte/glotte, universelle matière par soubre-
sauts se dictant A et O d’échange – de chaque
mot corps en gage – infrangible violon

penne magique dans les sous-sols du cœur ir-
rigue rythme d’électrolyse de l’orage – sens
en jets de l’instant, et forges souverainement
au plus près du souffle

râles d’ombre raclent l’iris du regard, âme ver-
te et sure, mufle décimant les dialectiques les
métaphysiques – obscène rose de chair

après O longtemps graal des bras des cuisses
du sexe – veilleuses frontalières ces images
de proue battant le temps premier – pulpe.
poil, tuf, quoi parle ?

sur le corps d’équinoxe émotions qui se rami-
fient guidant l’audace du feu – traces et
strates et signes, primal langage

des fibres fifre transsude brut jouir d’être

(Gatien Lapointe, Trois poèmes, in Écrits du Canada français no 51, 1984, p. 16)