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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-04-23 | [This text should be read in francais] | Submited by Guy Rancourt
À mon balcon cette glycine
Tord ses bras fleuris dans le soir, Avec le tendre désespoir D’une princesse de Racine. Elle en a la fière langueur Et la mortelle nonchalance ; Et lorsqu’un souffle la balance, Et que le jour traîne en longueur, Et tarde à partir, et recule Le déchirement tant qu’il peut, Elle exhale une âme d’adieu, Bérénice du crépuscule ! Le livre glisse de mes mains. Le petit drame se termine. « Cruel ! » dit au jour la glycine. Les cieux blessés ont des carmins. Par la haute porte-fenêtre, Mystérieusement, alors, Une des branches du dehors, Comme un geste vivant, pénètre. Du frémissant encadrement Ce bras jeune et souple s’échappe ; Et je sens sur mon front la grappe Qu’il laisse pendre tendrement ! Tout s’embaume. Et je remercie. Et, pour lui dire mon amour, Je donne à la fleur, tour à tour, Le nom d’Esther et d’Aricie. Et je compare, les yeux sur Mon livre tombé sans secousse, L’odeur plus forte d’être douce Au vers plus ardent d’être pur ! Un divin poison m’assassine ! Et je doute, en le chérissant, Si de ma glycine il descend Ou s’il monte de mon Racine ! (Edmond Rostand, Les Musardises, 1911)
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